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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Présenté en juin en compétition officielle au Festival du film d’animation d’Annecy, Anzu, chat-fantôme s’est posé, au milieu de ses concurrents, comme un petit ovni. Dispensant un je-ne-sais-quoi de fantaisie décalée, une petite musique inédite, le long-métrage du duo japonais Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita s’est tenu à l’écart des classifications de genre et de style. Pour cause, une collaboration peu commune entre le Japon et la France. Plus précisément entre les très réputés studios tokyotes Shin-Ei Animation et le studio parisien Miyu Productions (Linda veut du poulet !, de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach, Cristal du long-métrage à Annecy en 2023 et César du meilleur film d’animation en 2024). Le fruit de cette association produit un drôle d’animal. Une progéniture qui aurait pris, à parts égales et fort judicieusement, de ses deux parents.
Cet heureux métissage, rare de nos jours dans le secteur animé, permet d’éloigner le manga de ses sentiers battus, à l’esprit français d’apprendre de la culture japonaise tout en y insufflant quelques saillies, au film d’espérer une ouverture plus large sur le marché international. Surtout, la greffe donne un objet impertinent, un brin dérangé qui avance avec modestie et une certaine lenteur. Loin des productions frénétiques et survitaminées, Anzu, chat-fantôme s’attache, en premier lieu, à la vie quotidienne, sans histoires, d’une petite ville balnéaire, Iketeru, située au sud d’Izu (Japon). Un coin de verdure, au bord de l’eau, peint aux couleurs pastel, dont l’unique danger pourrait être l’ennui.
A bien y regarder, néanmoins, quelques petites incongruités, glissées l’air de rien dans le paysage, méritent le détour. Comme ce chat à la taille démesurée et au poids généreux qui parle et agit à la manière des humains. Anzu, de son prénom, rend service aux villageois, écarte les gêneurs, pratique l’ostéopathie, se déplace à scooter. Qu’importe son âge, qui a dépassé les 30 ans, puisqu’il est un chat-fantôme. Fantôme, mais bel et bien vivant, railleur, gourmand et pétomane. Il y a longtemps, il fut adopté par le moine du temple d’Iketeru. Depuis, l’animal a pris ses aises. Une visite impromptue va un peu changer la donne.
Voilà en effet que débarquent chez le moine son gendre Tetsuya et sa petite-fille Karin, 11 ans, dont la mère est morte il y a trois ans. Criblé de dettes, dont il doit s’acquitter auprès de ses prêteurs à gage au risque de salement dérouiller, Tetsuya vient demander de l’argent. Rembarré par son beau-père, il repart seul pour Tokyo, confiant la gamine au vieil homme. Lequel chargera Anzu de veiller sur elle.
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